C'est un peu la surprise inattendue de ce début d'année. Comme si la page 2024 tournée, le Vieux continent repartait de zéro. Ces dernières semaines, les marchés européens affichent une forme américaine donnant l'illusion de surfer sur une croissance chinoise. Avec une hausse de 7,7 % depuis début janvier, l'Europe surperforme les autres zones géographiques. Un phénomène pour le moins surnaturel si l'on s'en tient à la désolation économique dans laquelle vivotent les 27 actuellement. Une situation qui, fondamentalement, ne diffère en rien de celle qui prévalait avant le tournant calendaire. Mais, alors, qu'est-ce qui vaut à la zone un regain d'intérêt aussi fulgurant ? Le principal élément de réponse est, bien sûr, à chercher de l'autre côté de l'Atlantique où le retour de Donald Trump aux affaires sème le doute et la confusion. Dans les rangs d'investisseurs chargés en actions US - ascendant tech -, la perplexité est d'autant plus palpable que sur le front de l'IA, DeepSeek vient de leur montrer que l'on pouvait faire aussi bien avec trois fois rien.
De quoi leur donner des envies d'ailleurs. Et de préférer miser sur le rétablissement d'un patient économique dans le coma que sur son voisin de chambre valide mais cobaye d'une pharmacopée hasardeuse. Bien sûr, le rebond actuel est en partie lié à la correction d'un récent excès de pessimisme sur le devenir du Vieux continent dans le désordre mondial. Mais, fondamentalement, la recovery européenne est loin d'être dénuée de sens. Tout d'abord, parce qu'elle l'a déjà prouvé par le passé (Trump 1, Covid, guerre en Ukraine, crise énergétique), l'Europe sait être réactive et résiliente à l'épreuve du feu. La présentation, fin janvier, par la Commission européenne d'une « boussole de compétitivité » - largement inspirée du rapport Draghi - s'inscrit dans ce sens. Ensuite, parce que l'espoir naissant d'un cessez-le-feu sur le front ukrainien pourrait changer la donne européenne. Enfin, parce que la perspective d'une année monétaire plus accommodante ici qu'outre-Atlantique - malgré un IPC core stable à 2,7 % sur janvier - joue en sa faveur. La semaine passée, le retour du PMI composite au-dessus de la ligne de flottaison (à 50,2 sur janvier) depuis novembre, est peut-être le signe d'un léger mieux.
Le graph. de la semaine
L’écart entre les PMI européen et américain a-t’il atteint son pic ?
Source : Datastream, 15/01/2020 - 15/12/2024
Performances
Classes d'actifs
Dans le sillage de la semaine précédente, toutes les classes d'actifs ont terminé dans le vert. Toutefois, le doute continue de prédominer alors que actions comme obligations ne s'apprécient que très légèrement, laissant à penser que les intervenants ne savent pas trop sur quel pied danser en ce début d'année. À l'inverse, les matières premières s'en sortent nettement mieux, soutenues par la décision de Donald Trump de suspendre pour un mois la hausse des droits de douanes infligée au Mexique et au Canada. En revanche, les cours du pétrole étaient sur le reculoir, le Brent finissant la semaine sous les 75 dollars le baril.
Actions
L'espoir d'une éclaircie sur le front de la guerre commerciale a porté les marchés actions en début de semaine. Toutefois, vendredi, les chiffres du chômage américain - tombé à 4 % en janvier - et la hausse du salaire moyen confortaient chez les investisseurs l'anticipation de seulement deux baisses de taux cette année. Ce n'est donc pas un hasard si les marchés américains signent la plus faible progression hebdomadaire. À l'inverse, ce sont les émergents qui se distinguent à la hausse. Depuis début janvier, l'Europe poursuit sa course en tête du classement général.
Obligations
Preuve que les investisseurs restent sur leur garde en ce début d'année, le compartiment obligataire continue de gagner du terrain signant une deuxième semaine consécutive de hausse. Signe de cette prudence, c'est encore l'investment grade qui s'octroie la plus forte hausse hebdomadaire. Depuis le début de l'année, le haut rendement se maintient en tête du palmarès annuel.
La méfiance des investisseurs est aussi palpable sur les emprunts d'État à long terme. La recherche de protection contre le risque se traduit par un recul du rendement des obligations souveraines. Une tendance qui reste toutefois mesurée puisque le 10 ans américain ne recule que de 5 pb sur la semaine tandis que son pendant européen, le Bund de même maturité, cède parallèlement 8 pb.
Marché des changes
La menace d'une reprise concrète de la guerre commerciale et la suspension d'une hausse des droits de douanes annoncée en début de semaine, ont soufflé le chaud et le froid sur le marché des changes. Le dollar en a profité, soutenu également en fin de semaine par les chiffres du chômage et la perspective que la Fed ne baissera pas ses taux de si tôt. Pour autant, la paire euro-dollar parvient à se maintenir sur le seuil des 1,04.
Principales parités |
1 € = 1.04$ |
1 € = 0.83 £ |
1 € = 157.77 ¥ |